Les Concerts de midi, c'est reparti !
Nouvelle Saison : Musique en recherche...
Depuis l’accord en apparence le plus ingénu d’un instrument à la conception
sur la table ou sur une console électronique d’une œuvre monumentale, que ce soit en
groupe ou tout seul, de l’improvisation ou une écriture après mûrs repentirs, la musique
est une recherche d’une élaboration exceptionnelle. Il en est de même d’une
chanson parfaitement réussie ou d’une captivante symphonie.
La 70e saison des Concerts de midi entend le souligner en vous montrant comment,
depuis des musiques d’inspiration traditionnelles égyptiennes à une fascinante Sérénade
pour octuor de Mozart, du jazz parisien des années 1920 aux savoureuses cantates de
Haendel, des transcriptions ingénieuses de Rameau à la harpe à celle, étonnamment
élaborée, d’un concerto de Saint-Saëns par Georges Bizet, de la rencontre inattendue
d’Eisler et Schubert, de celle non moins imprévue du deuxième quintette de Fauré avec
des créations de la compositrice iranienne Farnaz Moddaresifar, la musique est
expression d’une pure pensée constamment renouvelée.
Pour porter cette recherche en acte, viennent cette saison des étoiles de la vie musicale
internationale (David Lively, Sarah et Déborah Nemthanu, Tarek Abdallah et Adel Shams)
et également de nombreux doctorants ou docteurs et musiciens de très haut niveau
issus du doctorat « Recherche et pratique » organisé par Sorbonne Université et le
Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. On pourra aussi
entendre des étudiants à la fois inscrits chez nos partenaires du Conservatoire à
rayonnement régional de Paris ou encore du Pôle supérieur de Paris et de Boulogne.
Bien entendu, la musicologie consiste à observer cette pensée en acte, à conceptualiser
avec les mots cette recherche, et également se mettre au service des musiciens alors même
qu’en retour ceux-ci enrichissent considérablement le développement de leur discipline.
Plusieurs enseignants-chercheurs de notre université rattachés à notre UFR de musicologie
viendront présenter les concerts et pourront vous rendre plus tangibles leurs investigations
avec les interprètes. Cerise sur le gâteau : certains d’entre eux tiendront les deux rôles…
Jean-Pierre Bartoli
LES CONCERTS DE MIDI
Conférences-concerts au sein de Sorbonne Université
Amphithéâtre Richelieu (Campus Sorbonne) / Auditorium (Campus Jussieu)
Présentation des œuvres par Jean-Pierre Bartoli,
Professeur d'histoire de la musique et musicologue à Sorbonne Université
VENDREDI 7 FEVRIER 2014
Amphithéâtre Richelieu – Université Paris-Sorbonne – 12h15
■ Wilhelm Friedemann Bach : Fanrasia en mi mineur F. 21
■ Joseph Anton Steffan : Capriccio n° 3 en sol majeur
■ Wolfgang Amadeus Mozart : Fantasia KV. 475 en do mineur
■ Ludwig van Beethoven : Sonate op. 31 n° 2 en ré mineur La Tempête
Edoardo TORBIANELLI, pianoforte
Edoardo Torbianelli est né à Trieste en Italie. Une fois diplômé en piano et clavecin dans sa ville natale, il poursuit ses études à la Scuola di Alto Perfezionamento Musicale dei Filarmonicià Torino (I), au Koninklijk Vlaams Muziekconservatotium à Anvers (B), et au Barabants Conservatorium de Tillburg (NL). Parmi ses maîtres, Jean Fassina (Paris), Jos van Immerseel et Jacques de Tiège (Anvers).
Son intérêt pour les techniques de représentations historiques, surtout des périodes romantique et classique l’ont conduit à jouer sur des instruments historiques et mit au contact de ressources didactiques et esthétiques des xviiieet xixesiècles. On lui permet également l’accès à des enregistrements du début du xxe siècle de concerts de la dernière génération de musiciens du milieu du xviiie siècle.
Artiste à succès, Edoardo Torbianelli assiste à de nombreux festivals prestigieux en Europe. Il enregistre diverses œuvres chez des labels variés : Harmonia Mundi, Pan Classics, Phaedra, Gramola, Amadeus, dont deux ont étées récompensées d'un Diapason d'Or. La production de Liszt and the violinchez Gramola avec le violoniste autrichien Thomas Albertus Imberger a été récompensée d'un diplôme d'honneur par la Hungarian Liszt Society pour le Grand Prix du Disque 2012.
Comme enseignant Torbianelli travaille d’abord au Koninklijk Vlaams ConservatoriumAntwerpende de 1993 à 1998. Depuis, il enseigne le piano historique, la musique de chambre et les techniques de performance scénique des périodes romantique et classique à la Schola Cantorum Basiliensisde Bâle (CH).
Il rejoint la Hochschule der Künstede Berne (CH) en 2008 comme enseignant dans ces mêmes disciplines, tout en coordonnant un projet de recherche sur les techniques, l’esthétique et la didactique du piano entre 1800 et 1850. Il est régulièrement invité en tant qu’enseignant dans diverses institutions musicales en Europe ainsi qu’en Colombie (Amérique du Sud).
Note de programme
Au milieu du xviiie siècle, la pratique de l’improvisation par les organistes et clavecinistes s’installe au cœur d’une préoccupation grandissante : celle qui désire dévoiler l’immédiateté du geste créateur. Contemporaine de l’apologie de l’esquisse, que Diderot préfère au tableau fini, la fascination des musiciens pour la pratique de la fantaisie pour clavier (ou caprice) – genre improvisé devant le public ou noté sur partition en cherchant à retrouver par l’écriture la même liberté – vante le dépassement des bornes usuelles du bon goût et de la norme. La fantaisie laisse ainsi libre cours à l’expression du génie et se moque des convenances. Se souvenant de l’ancien Stylus phantasticus, Jean-Sébastien Bach montre l’exemple dans sa célèbre Fantaisie chromatique et fugue. Ses fils, en particulier Wilhem Friedemann et Carl Philipp Emanuel, exploitent à leur tour cette veine. Le programme d’Edoardo Torbianelli nous fait ainsi découvrir l’art fantasque de l’aîné des fils Bach, suivi de l’insolite troisième Capriccio de Josef Anton Steffan (ou Stepan) tout empreint de séduction mélodique. Les deux autres compositeurs de ce récital nous sont beaucoup plus connus : la célèbre Fantaisie en do mineur de Mozart prend tout son sel ainsi replacé dans son contexte. Enfin, la Sonate« La tempête » de Beethoven montre comment, à l’orée du xixe siècle, son compositeur sut exploiter les ressources de la fantaisie pour sauver le genre de la sonate, alors en recherche d’un second souffle.
Jean-Pierre Bartoli